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Un aperçu du parcours |
Il y a 2 ans, celui qui pour moi est le véritable leader du dry-tooling, Robert Jasper, enchaînait une ligne complètement hallucinante dans la fameuse grotte de la falaise de Breitwangflue. La vidéo montrait notamment une deuxième longueur qui traversait un véritable toit , ce qui me motiva au plus au point. Un article paru sur "Rock and Ice" qualifiait la ligne de "Scarefest" rapportant les propos de RJ sur le rocher fragile et l'équipement incertain, ce qui me terrorisa au plus haut point. A la fin de l'hiver suivant, je me trouvais à mon tour au pied du mur. Comme dit l'expression "c'est au pied du mur qu'on voit le maçon", j'avoue que cela aurait été fort à propos car des le premier mètre, la qualité de la structure aurait eu bien besoin d'un renfort de béton. Forcément, le couplage de 2 pitons planté dans cet ersatz de rocher qui faisait office de première protection pris d'entré le podium dans la catégorie "......". Le deuxième mouvement me confirma la non qualité du rocher quand j'arrachais un joli bloc. Le bénéfice de cela portant sur le couplage qui pour une raison inconnu ne s'arracha pas. Fort de cette expérience, je continuait en artif oubliant rapidement la tentative "à-vue". Je dûs revoir mon jugement sur la solidité des protections quand les 2 points du couplage suivant s'éjectére, Un camalot moins branlant me donna tout le loisir de réfléchir au crux. La fin de cette première longueur tout en glace me mit rapidement au pied du monstre. Encore moins rassuré que quand j'étais pas rassuré, je pars doucement mais toujours en artif, la notion d'escalade ayant complètement disparu de mon cerveau liquide. 3 heures plus tard, je chopais enfin les cordes moisis qui symbolisaient dans un premier temps la fin de la longueur et dans un deuxième le relais sur lequel je devais me pendre. Terrorisé, j'avais rajouté tellement de protections dans tous les sens que la corde qui me reliait à octave était totalement coincé, il fut obligé de remonter au jumar ! La 3éme longueur négociée mi en libre mi en artif fut vite torché. Ce désastre Napoléonien me coupa toute velléité d’enchaînement et sûr de ma décision, je jurais de ne plus jamais au grand jamais y remettre les piolets. De retour dans la vallée, je cherchais la première free Wifi pour regarder encore et encore Robert le magnifique dans mon pire cauchemar. Probablement politicien dans ma vie précédente, j'oublias rapidement ma ferme résolution et prenais une option complètement opposé. Grimper "Ritter et le Holly Graal" et l’enchaîner à 2 autres monuments de mon Roberto d'amour : "Mach 3", 150m, M9/90° et "Flying Circus", 100m, M10/90°.
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Ze Place |
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Une partie du matos... |
Pour étre sûr de m'en rappeler, j'élaborais un plan à 3 niveaux.
- Sur muter en dry.
- Trouver un partenaire fort et fort motivé...et fort disponible.
- changer de femme, non je rigole, c'est juste pour savoir si ma charmante épouse lit mon blog ou qu'elle le "like" sur Facebook pour me faire plaisir.
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Ju attaque M3 par "tears of..." |
Finalement cette automne fût au-delà de mes espérance, j'ai été un peu le Kwon YoungHye Français : point 1, check !
Le point 2 touche l'essence de cet enchaînement, car si jusqu'à là les grandes lignes mixtes on mis en avant le leader, le second se démerde pour suivre en artif ou au jumard. Sans me la péter, Julien Irilli ou moi avons le niveau pour enchaîner en tête l'ensemble, mais je voulais que ce soit une réussite commune, dans le même esprit que ce que j'ai fait avec Korra les années précédentes. Nous nous sommes rencontrés en grimpant sur le site de Quintal, comme souvent en grimpe, l'occasion fait le larron et nous avons continuer à nous entraîner ensemble régulièrement, sa conti mutanesque m'a rapidement fait penser qu'il avait un potentiel pour mon projet. Son mental en acier trempé dans la face nord des Jorasses fut aussi un bon point. Un petit trip de quelques jours me confirma qu'on allait faire cordée commune sur les hauteurs de Kandersteg. Nos seuls divergences étant d'ordre culinaires, j'ai toujours détesté le riz mais comme plat unique et aux 3 repas quotidien...Ce détail mis à part, le projet pouvait étre lancé. En résumé, 2 ou 3 jours de repérages, 2/3 jours de repos, 2 jours de mises en place du matos, 1 jour de repos, 1 jour pour faire. Le tout majoré au gré des anticyclones...
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Ju, L3 de FC |
Je posais 2 semaines en Janvier, mais les conditions sont trés moyennes. L3 de Ritter est pauvre en glace, L3 de Flying est une cascade d'eau et L2 de Mach3 trop fine pour être grimpable. Malgré tout nous grimpons les 2 premières de Flying et L1 de Ritter. Dans la longueur clef, je suis plus à l'aise sauf que 2 mètres restent irrésolus. Dépités, nous rentrons en France. Le projet est mis aux oubliettes greques, bref je suis au plus bas ! Un rebondissement météorologique va nous ramener là plus vite que prévu. En effet, nous avons programmé 17 jours de glace en Norvége...Aprés 3 jours sur place avec des températures positives et des prévisions météo négatives, nous rentrons le lundi suivant. A 20h, je me pose à Genève... pour repartir le lendemain matin à 6h vers le MilkaLand. Les conditions se sont nettement améliorés et la météo est complètement favorable, d'un coup la motiv' remonte à bloc ! En 2 jours, nous parcourons Mach 3, Ritter et les 2 premières longueurs de Flying. Je profite de l'occas' pour trouver la méthode du passage du toit, et enchaîne dés l'essai suivant. J'empoche donc la 3éme ascension de cette longueur, après Ze Robert et Inés Paspeurderien. Comme souvent, c'est la première sans Yaniro, au vue du profil, je remonte la cotation à D13.
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La longueur dur de Ritter |
Julien n'étant pas fonctionnaire, il doit retourner vendre quelques bi-places pour payer son riz de la semaine suivante. Rendez-vous est pris 3 jours plus tard. Fin énervés, nous partons pour équiper intégralement Ritter et Flying dans la journée. J'attaque par FC, pour me rétablir au dessus d'un petit surplomb, je dois contourner un gentil glaçon. Au passage, je l'effleure du bout du genou. Si le glaçon ne mesure que 2 cm de diamètre à la hauteur de mon genou, il en fait bien 60cm 10 mètres plus haut !!! Le tout se détache sans prévenir,me broie la cuisse pendant quelques secondes durant lesquelles je suis pendu à une main sur mon piolet. Julien se trouve par chance décalé de 1 mètre du point d'impact, nos affaires, elles, ont été emporté par la masse de glace. Je reste 10 bonnes minutes à chouiner sur mon sort et reprend la grimpe. Cet avertissement ne me détends pas car Julien en avait déja décroché un lors de la session précédente, je dois donc grimper sur le dernier de la bande en espérant qu'il ne lui prenne pas l'envie de rejoindre ses potes dans le pierrier ! Finalement, cette journée se terminera à merveille, Ju enchaînant la longueur clef de Ritter en posant les paires! Une longue journée de repos et enfin le lendemain la libération sonne à 4h00. Au fond de moi, je sais que l'on a les capacités de réussir mais dans ce type de grimpe où les prises ne mesurent que quelques millimètres, une zipette ou une ancrage qui casse sont fortement probables. Pour valider notre enchaînement, nous voulons le leader grimpe sans tomber. S'il tombe, il devra repartir du relais.
Un peu avant 7 heures, j'attaque à la frontale M3. A partir de là et pendant les heures qui vont suivre, tout déroulera à merveille. A chaque retour au sol, nous prenons même le temps de boire des thés et de manger des gâteaux ! Sans stress et sans pression, nous finissons à 16h. Une journée de rêve !
Parking : 5.00
Pied face : 6.20
Attaque Mach3, par la voie "Princess..." : 6.45
Descente en rappel de 55m, aprés la longueur de dry sur abalakoff.
Re pied : vers 10h
Attaque Ritter : vers 10.15
Descente en rappel de 25 m, aprés la 3éme longueur de dry sur abalakoff.
Re Re pied : vers 13h
Attaque FC : vers 13.30
Descente en rappel depuis R3.
Re re re pied et fin à 16h00
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Merci Robert pour ces belles voies |
P'tite vidéo