Mercredi 24 Avril, une belle journée, du grand beau comme c'est rarement le cas ce printemps. Est-ce la neige qui n'en fini pas de s'accrocher dans les faces mais l'envie de goulotte est toujours là. Cette ligne mythique dont le fameux dièdre se voit de partout depuis Chamonix me hante toujours et même si je l'ai déjà parcourue il y a quelques années en arrière l'envie d'y retourner me motive à fond. Pour l'instant, le score Beyond / Jeff reste à 1 partout. 1er point pour moi mais le match retour fut salé car voulant y retourner dans des conditions de gel douteuses, mes 2 pioches reculèrent simultanément et incapable de m’arrêter, je chutais violemment de quelques mètres au grand désarroi de ma cheville droite. Le diagnostic fut immédiat : grosse entorse. Retour en rappel puis glissade sur les fesses à attendre l'hélicoptère du secours. Double dose de rage car en plus d'un arrêt d'activité, c'était mes vacances en Ecosse qui s'envolait.
De visu, les conditions ne semblent pas pire, le bas est correct, puis la pente de neige. La première moitié de la première longueur du dièdre est total dry mais la section dure est assez courte, 5/6 mètres, le reste du dièdre est d'un blanc polystyrène, la suite ne se voit pas mais devrait faire.
Accompagnés de 2 bons potes, la journée s'annonce forcément bonne. Yann Gérome nous fait une trace à client qui nous convient tellement bien qu' à chaque fois qu'il s’arrête pour passer le relais...on s’arrête aussi 2 conversions plus bas. Voyant nos fronts dégoulinants, il finira la montée seul devant. Dans son élan, il prend la tête jusqu'au pied du dièdre.
Toujours prêt à rendre service, je propose de faire les 100 mètres suivants. Probablement à cause de mon Alzeimer, je n'avais aucun souvenir du dry de départ. Les micro-pieds d'une dalle trop lisse me font bien forcer, un petit effort supplémentaire et une neige dure et compact conduit au relais.
Plus concentré, je pars dans la longueur suivante car même si je ne dois pas partir en Ecosse dans les jours à venir, je n'ai guère envie de retâter de la rééduc' en salle de kiné ! Les 20 premiers mètres nécessitent un peu d'attention car les ancrages ne sont pas toujours béton, la fin déroule en neige dure, un vrai régal. Malgré toute les longueurs que j'ai grimpé cette saison, celle-ci est réellement un must.
Le reste sera nettement moins raide mais chaque longueur propose sa section à problème...pour notre plus grand plaisir...
Tels le futur guide de dans 4 mois, La Truite nous emmène rapidement jusqu'à la connexion avec la "Carrington / Rousse / Rebuffat /Terray".
Encore 2 longueurs et nous seront à la brèche...sauf que la dite brèche est comblée d'une énorme corniche. Quelques jours auparavant, une cordée de super héros a trouvé intelligent d'aller tester sa solidité en passant dans le petit espace rocher/corniche puis de redescendre en rappel dessous.
Conscient de leur connerie, ils laissent un post non signé sur le site de l'OHM avec une photo et déconseillent l’accès à la C.R.R.T.
Protégé par un éperon, nous choisissons de redescendre plutôt que de nous exposer inutilement. Malgré le fait que mes 2 compagnons de cordé n'aient jamais gravi cette voie, la décision d'abandonner est prise à l'unanimité. Merci les copains, j'adore les gens qui réfléchissent avec leurs têtes plutôt qu'avec leurs piolets et leur fierté.
Nous discutons de ce genre d'attitude quand le téléphone sonne...une mauvaise nouvelle qui nous assomme...un copain du Pg vient de se tuer en montagne. Je pense à son petit garçon de 5 ans, à sa femme, à ses parents. Égoïstement, je pense aux miens.
Et puis toujours la même question qui revient en boucle : "comment peut on continuer à aller en montagne avec la banane quand on a, tant de fois, vu la peine de ceux qui reste ? Pourquoi, inlassablement, jouer avec le feu ?
Et puis, toujours ces beaux jours qui reviennent, ces faces magnifiques qui font briller les yeux, ces itinéraires à faire absolument (!), ces conditions à ne pas rater (!!)
Aujourd'hui, plus qu'un autre, le nom de cette voie prend tout son sens : Au delà du bien et du mal...les hommes continueront, sans cesse, à Vivre et mourir en montagne. Salut Olivier.
De visu, les conditions ne semblent pas pire, le bas est correct, puis la pente de neige. La première moitié de la première longueur du dièdre est total dry mais la section dure est assez courte, 5/6 mètres, le reste du dièdre est d'un blanc polystyrène, la suite ne se voit pas mais devrait faire.
Accompagnés de 2 bons potes, la journée s'annonce forcément bonne. Yann Gérome nous fait une trace à client qui nous convient tellement bien qu' à chaque fois qu'il s’arrête pour passer le relais...on s’arrête aussi 2 conversions plus bas. Voyant nos fronts dégoulinants, il finira la montée seul devant. Dans son élan, il prend la tête jusqu'au pied du dièdre.
Premiers mètres. |
Toujours prêt à rendre service, je propose de faire les 100 mètres suivants. Probablement à cause de mon Alzeimer, je n'avais aucun souvenir du dry de départ. Les micro-pieds d'une dalle trop lisse me font bien forcer, un petit effort supplémentaire et une neige dure et compact conduit au relais.
Les quelques mètres bien corsés du dièdre. |
Corner, part 2 |
Le reste sera nettement moins raide mais chaque longueur propose sa section à problème...pour notre plus grand plaisir...
Tels le futur guide de dans 4 mois, La Truite nous emmène rapidement jusqu'à la connexion avec la "Carrington / Rousse / Rebuffat /Terray".
Vidéo By Yann Gérome
Quand je vois ça, je trouve la montagne tellement injuste ! |
Protégé par un éperon, nous choisissons de redescendre plutôt que de nous exposer inutilement. Malgré le fait que mes 2 compagnons de cordé n'aient jamais gravi cette voie, la décision d'abandonner est prise à l'unanimité. Merci les copains, j'adore les gens qui réfléchissent avec leurs têtes plutôt qu'avec leurs piolets et leur fierté.
Nous discutons de ce genre d'attitude quand le téléphone sonne...une mauvaise nouvelle qui nous assomme...un copain du Pg vient de se tuer en montagne. Je pense à son petit garçon de 5 ans, à sa femme, à ses parents. Égoïstement, je pense aux miens.
Et puis toujours la même question qui revient en boucle : "comment peut on continuer à aller en montagne avec la banane quand on a, tant de fois, vu la peine de ceux qui reste ? Pourquoi, inlassablement, jouer avec le feu ?
Et puis, toujours ces beaux jours qui reviennent, ces faces magnifiques qui font briller les yeux, ces itinéraires à faire absolument (!), ces conditions à ne pas rater (!!)
Aujourd'hui, plus qu'un autre, le nom de cette voie prend tout son sens : Au delà du bien et du mal...les hommes continueront, sans cesse, à Vivre et mourir en montagne. Salut Olivier.